ÉVÉNEMENT : LE BILAN
L’aventure commence et ces galères. Parlons du premier jour de ma vie dans le monde surpeuplé de la street food.
Bezancon alexandre
10/5/20258 min read


Il y a des jours où tout semble se liguer contre vous. Des jours où la météo, l’organisation et les imprévus s’unissent pour tester votre détermination. Mon tout premier événement avec Le SANDOC fait partie de ceux-là. Alors que j’arrivais avec l’excitation d’un lancement, l’envie de faire découvrir mes naans fourrés et mes créations fusion, les éléments, eux, avaient décidé de se déchaîner.
LA VEILLE DE L’ÉVÉNEMENT : UNE JOURNÉE ENTIÈRE DE PRÉPARATION
La veille de mon tout premier événement, la cuisine s’est transformée en véritable laboratoire culinaire. Dès le matin, j’ai enfilé mon tablier, démarré les balances, sorti les épices et ouvert les sacs de farine : la journée allait être longue, intense, et entièrement dédiée à préparer les recettes qui allaient représenter Le SANDOC pour la première fois.
Chaque détail comptait. Je devais peser, tester, ajuster, vérifier… tout en gardant un œil précis sur mes matières premières. Entre les kilos de farine à doser, les marinades à équilibrer, les cuissons à surveiller et les farces à préparer, la concentration était totale. J’avais la tête dans les chiffres autant que dans les saveurs : combien de pâtons prévoir ? Combien de viande pour éviter d’être à court sans pour autant gaspiller ? Comment optimiser mes coûts pour rester rentable, tout en offrant une qualité irréprochable ?
Cette journée m’a demandé autant d’énergie que de rigueur. J’étais seul face à mes choix, face à mes calculs, face à mes premières vraies responsabilités de street-food entrepreneur. Mais malgré la fatigue, il y avait dans l’air une énergie particulière, une sorte d’effervescence. Le mélange d’excitation, de stress, et de passion qui accompagne toujours les grandes premières.
Quand j’ai terminé, tard dans la soirée, les tables étaient encore couvertes de contenants, de pâtes prêtes à lever, d’épices dispersées… mais moi, j’avais le sentiment d’avoir posé la première pierre. J’étais prêt, fier, et surtout déterminé à montrer ce que j’avais dans le ventre.
Le lendemain, la vraie aventure commençait…


Le jour J : un réveil glacé et une installation sous la pluie
Le matin de l’événement, le réveil a sonné dans un silence glacial. Dehors, l’air coupait presque la peau. Je suis arrivé sur place en grelottant, soufflant de la buée comme en plein hiver, les mains déjà frigorifiées avant même d’avoir commencé.
Il ne restait plus qu’à attendre le placier, serré dans ma veste beaucoup trop légère pour les circonstances. Les emplacements étaient distribués au hasard… mais, pour une fois, la chance m’a souri. J’ai hérité d’un coin plutôt correct, un endroit où je pouvais espérer installer mon stand sans trop subir le passage du vent.
Autour de moi, les forains arrivaient les uns après les autres, tous avec le même regard : celui de gens qui savent que la journée va être rude. Dès que les places ont été annoncées, une sorte de course silencieuse a commencé. Chacun se dépêchait de poser les barres, de tendre les bâches, de fixer les angles, comme si on tentait de monter un abri en pleine tempête. Et la tempête, elle, ne nous a pas laissés souffler.
Le vent soufflait sans arrêt, secouant les bâches, s’engouffrant sous les stands, cherchant la moindre ouverture. La pluie, elle, ne voulait rien savoir : elle tombait, fine mais continue, insidieuse, trempant les surfaces, s’invitant partout.
C’est à ce moment-là que j’ai compris ma première erreur du jour : je n’avais rien prévu contre un froid pareil. Pas de vêtements vraiment chauds, pas de chaussettes épaisses, encore moins des chaussures capables de résister à l’humidité glacée du sol. Mes pieds étaient déjà trempés avant même d’ouvrir le stand. Une sensation désagréable, qui s’infiltre doucement, mais sûrement.
Malgré tout, il fallait avancer. Les doigts gelés, les épaules rentrées, les muscles tendus, j’ai continué l’installation, comme les autres. Ce jour-là, on n’était pas simplement des exposants : on était une équipe improvisée d’aventuriers luttant contre les éléments.
Et ce n’était que le début de la journée…
Les problèmes s’enchaînent : une organisation qui complique tout 🤬
Comme si le froid, le vent et la pluie ne suffisaient pas, les problèmes ont commencé à s’enchaîner dès le début de la matinée. Très vite, j’ai compris que le plus gros obstacle de la journée ne serait pas la météo… mais l’organisation même de l’événement.
Le premier coup dur :
ils avaient organisé une Vogue juste à côté. Résultat ? Les visiteurs préféraient acheter des petites gourmandises rapides et très bon marché : des churros, des bonbons, des gaufres, tout ce qui se grignote sans réfléchir. Même à 11h ou 11h30, personne n’avait vraiment faim. Ils venaient se divertir, pas manger un vrai plat. Ils passaient devant le stand, mais le ventre déjà rempli de sucreries ou de snacks pas chers, ils repartaient sans s’arrêter.
Et comme si ça ne suffisait pas… Les organisateurs avaient aussi créé un village entièrement dédié aux food trucks. Un endroit joli, bien aménagé, presque cosy. Mais ils ont commis une erreur énorme :
ils ont séparé les food trucks des forains. Au lieu de créer une dynamique collective, un passage fluide, un espace où tout le monde pouvait fonctionner ensemble… ils ont divisé l’offre. Et forcément, les visiteurs allaient où ?
Dans le petit village food trucks.
Beau, propre, structuré, mis en valeur. Pendant que, nous, les forains, nous étions de l’autre côté, parfois oubliés, parfois ignorés, parfois invisibles.
C’était un double coup de massue :
👉 la Vogue aspirait les clients avec les stands sucrés et pas chers
👉 le village food trucks prenait le reste avec son ambiance attirante
Pour nous, de ce côté-là, c’était vraiment très dur. On sentait que notre emplacement jouait contre nous, que la majorité du flux ne venait même pas jusqu’à notre zone. Une sensation frustrante, presque décourageante, surtout quand on a passé des heures à préparer ses recettes et qu’on se bat déjà contre la météo.
Mais malgré tout, la journée devait continuer…
EN CONCLUSION






1 BÂCHE ? BIEN SÛR QUE NON !!!!!!!!!!!!!
ON EN RAJOUTE UNE DEUXIÈME POUR ÊTRE À LABRIS DE CE VENT QUI ME GLACE LA MOINDRE PARCELLE DE MON CORPS
🥶🥶🥶🥶
Créer du visuel pour briser la distance avec le client
En observant encore et encore les passants, j’ai fini par comprendre une autre chose : beaucoup ne s’arrêtaient pas parce qu’ils ne savaient pas ce que je vendais. Le nom des plats, aussi original soit-il, ne leur parlait pas forcément.
Ils voyaient une affiche, un menu… mais pas une assiette. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour que quelqu’un n’ose pas approcher. Par timidité, par manque d’informations, ou simplement parce qu’ils ne veulent pas déranger.
Alors j’ai pris une décision simple mais essentielle : mettre mes créations en présentation, juste devant mon affiche menu.
Un visuel concret. Un vrai naan fourré. Une portion de poulet mélanger avec le chou + le gourous et hop on fait un package, on sauce et on pose de la couleur. Pas une photo : un produit réel, visible, appétissant, qui raconte tout seul ce que je propose. Ce petit geste a tout changé dans l’ambiance de mon stand.
Le client n’avait plus besoin de deviner, plus besoin d’imaginer, plus besoin de se poser mille questions. En un coup d’œil, il comprenait ce que représentait Le SANDOC : du fait-maison, du goût, de la générosité, quelque chose d’authentique.
Et surtout, passer devant devenait plus simple :
👉 « Ah, c’est ça qu’il vend ! »
👉 « Ça a l’air bon… »
👉 « Je n’avais jamais vu ça ! »
Même si tous ne s’arrêtaient pas, au moins ils savaient. Au moins, mon concept ne restait plus dans l’ombre. Au moins, je pouvais susciter un début de curiosité, un regard plus long, un léger ralentissement… ce petit quelque-chose qui prépare le terrain. Dans une journée où tout semblait jouer contre moi, créer ce visuel a été une manière de reprendre un peu le contrôle, de me rendre visible et de rendre mes créations accessibles, même de loin.


Et… ça fonctionne. À peine les créations posées devant l’affiche, quelque chose a changé.
Un détail, presque imperceptible… mais réel. Les gens qui passaient devant mon stand levaient un peu plus la tête. Ils ralentissaient. Ils regardaient. Ils prenaient le temps de comprendre ce que je proposais. Ce n’était pas encore la foule, ni même un vrai flux… mais c’était déjà une victoire. Le visuel fonctionnait.
Là où un simple texte sur une affiche ne suffisait pas, la présentation attirait naturellement l’œil. Les enfants tiraient légèrement la manche de leurs parents pour leur montrer. Les adultes jetaient un regard plus insistant, intrigués par ces naans dorés, cette focaccia bien garnie, ce poulet qui brillait encore des épices en cuisson.
Certains s’approchaient d’un pas timide, sans toujours oser parler. D’autres posaient enfin LA question qu’on attend dans ces moments-là : « C’est quoi exactement ? » Et ça, c’était tout ce dont j’avais besoin.
Petit à petit, le silence du stand s’est transformé en micros échanges. Des regards, des sourires, des hésitations… mais c’était déjà de la vie. Les odeurs de mes cuissons, combinées au visuel devant l’affiche, créaient enfin un début d’attraction. Ce n’était pas le grand rush.
Ce n’était pas la foule des food trucks, ni les files d’attente de la Vogue. Mais pour moi, c’était précieux mon stand n’était plus invisible.
Ce jour-là, a milieu de la pluie , du froid et d’une organisation compliquée, j’ai compris que parfois, ce sont les petites idées, les petits ajustements, qui permettent de rester dans la course.
Conclusion : Une première épreuve qui forge l’avenir
Ce premier événement n’a rien eu d’un long fleuve tranquille.
Le froid glacial, la pluie incessante, le vent qui arrachait presque les bâches, les problèmes d’organisation, la concurrence inattendue… rien ne m’a été épargné. Et pourtant, au milieu de toutes ces difficultés, j’ai tenu bon.
J’ai appris à observer, à m’adapter, à réagir vite.
J’ai compris que dans la street food, chaque détail compte :
les odeurs, le visuel, l’emplacement, l’audace… et surtout la capacité à rester debout, même quand tout semble aller de travers.
Ce jour-là, Le SANDOC a pris vie dans des conditions extrêmes.
Et malgré tout, j’ai réussi à attirer des regards, à créer un début de curiosité, à faire exister mon concept là où il aurait pu passer inaperçu.
Cette expérience n’a pas été simple, mais elle a été précieuse.
Elle m’a forgé. Elle m’a donné la rage de faire mieux. Elle m’a rappelé pourquoi je me lance dans cette aventure : pour partager, créer, surprendre, et faire découvrir des saveurs uniques.
Et ce n’était que le début.